Des musiques militaires et civiles aux marching-show-bands
Petite histoire (non exhaustive) des formations musicales civiles et militaires, harmonies ou fanfares, de leurs origines jusqu’aux actuels marching-show- bands, avec des références plus spécifiquement locales.
Sonorités martiales depuis l’Antiquité
Dès l’Antiquité, cuivres et percussions participent aux triomphes des chefs militaires et aux jeux du cirque.
À l’époque médiévale, les percussions se doivent d’impressionner l’adversaire. Ces percussions : tambours, grosses caisses, cymbales sont probablement d’origine ottomane. Les cuivres rythment la vie quotidienne, et pas seulement celle des soldats. Parallèlement aux airs de vènerie au son du cor, les sonneries jouées sur des instruments d’ordonnance ponctuent les temps forts de la vie quotidienne : réveil, déjeuner, accueil de quelque grand prince, comte ou roi, couvre-feu ; à la guerre : charge, retraite, bivouac… Elles sont de courte durée et répétitives, un rite sonore facilement compréhensible qui sera perpétué et toujours en vigueur.
Du XVIIe siècle au XIXe siècle
En France, au XVIIe siècle, Jean-Baptiste Lully, André-Danican Philidor font interpréter des marches militaires (2/4 ou 6/8) par des trompettes (cuivres), hautbois, bombardes, petites flûtes ou fifres (bois) et timbales (percussions), accompagnés par les instruments à cordes, plus spécifiquement pour les fêtes royales tels que les carrousels.
Cependant les corps de musique militaire constitués durablement sont encore peu nombreux. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir défiler les premières musiques militaires, avec des instruments de musique dont certains ne sont plus en usage, tels que les clarines, serpents et ophicléides.
Beethoven et Schubert s’essayent à la composition de musiques militaires dont la plus connue est la marche militaire en ré majeur opus 51.
Le 20 juin 1828, à Saumur, un carrousel est offert à Marie-Caroline, duchesse de Berry, ainsi qu’à des milliers de visiteurs (premier carrousel de Saumur). Arabesques, courses, exercices d’adresse, lancers de javelots, ces évolutions sont dirigées par Jean-Baptiste Cordier Écuyer-commandant, « en tant qu’hommage chevaleresque à la personne de la duchesse ». Les cavaliers sont accompagnés, dit-on, par près deux cents musiciens, tambours et trompettes de cavalerie, entre autres.
LIEN -> Histoire des musiques militaires françaises
Formations musicales civiles
C’est au cours de la seconde partie du XIXe siècle que les formations musicales harmoniques – c’est-à-dire sans instruments à cordes – prennent vraiment de l’envergure et participent à des défilés et des cérémonies officielles.
Ces orchestres d’harmonie sont d’origines laïque et religieuse. À partir de 1881/1882, ils profitent de la mise en œuvre scolaire de l’instruction gratuite et obligatoire.
Dans le sillage de l’école, les jeunes filles et les jeunes gens (11/12 ans) sont invités à faire partie de patronages et sociétés qui leur permettent d’exercer près de chez eux le théâtre, la musique, la chorale, la danse et le sport, ce qui favorise aussi le développement des écoles de musique et de danse.
Chaque ville possède désormais sa musique municipale (Cipale). Elle est à fois formatrice et représentative de la ville. L’harmonie de Saumur fut fondée le 11 juin 1872 par Stéphane Milon.
Des pédagogies adaptées sont affinées avec le temps. Des entreprises et établissements éducatifs créent leur propre salle de théâtre et orphéon, par exemple les Tanneries angevines à Seiches-sur-le-Loir.
La plupart du temps, les sociétés et patronages prennent le statut d’associations à partir de 1901.
LIEN -> La musique municipale de Saumur et l’hommage à Maxime Mabileau
Structures fondamentales des musiques militaires françaises
Parallèlement, les armées, profitant de nombreux jeunes appelés qui leur arrivent avec des connaissances instrumentales, constituent des musiques militaires de plus en plus étoffées. Désormais, les compositeurs écrivent des airs nouveaux ou reprennent des airs connus et populaires en y ajoutant des parties de clairons et de trompettes.
- Auprès de ma blonde (Le prisonnier de Hollande) – XVIIIe siècle
- Le Régiment de Sambre et Meuse – Robert Planquette / Fr Joseph Rauski 1870
- Marche Lorraine – Louis Ganne 1892
Particularité française : À la suite du drapeau du régiment, ces musiques militaires sont constituées d’une clique – tambour-major, clairons, trompettes de cavalerie – et d’une harmonie d’instruments à vent et percussions, précédée par son chef de musique.
La canne de tambour-major, qui indique aux musiciens le rythme, la marche, les changements de direction et les arrêts, est l’héritière directe de la canne ornementée des chefs de musique du XVIIe siècle.
Dans une harmonie, les clarinettes et la saxophones (catégorie des bois) tiennent, entre autres, les pupitres des instruments à cordes d’un orchestre symphonique. En 1840, le Belge Adolphe Sax (1814 / 1894), ami d’Hector Berlioz, avait mis au point un nouvel instrument qu’il nomma d’abord Saxophon, un instrument qui allait rendre de grands services dans les orchestres d’harmonie avant d’être l’un des rois du jazz.
Parfois, seule la clique, sous forme de fanfare, se suffit à elle-même – clairons, trompettes, cors de chasse (cuivres) et percussions pour rythmer la marche au pas. D’autres sont plus spécifiques, telles les fanfares de trompettes de cavalerie. Celles-ci s’inspirent des formations musicales qui accompagnaient les armées dès le XVIe siècle avec des instruments d’ordonnance – bombardes, hautbois et trompettes. Les tambours précédaient les lignes de soldats d’infanterie. Au XXe siècle, les musiques militaires continueront longtemps de présenter les tambours à l’avant de la clique.
Les cors de chasse, les trompettes de cavalerie sont des instruments naturels, c’est-à-dire sans pistons, par opposition avec les trompettes d’harmonie et cors d’harmonie, avec pistons, qui permettent d’obtenir toutes les notes chromatiques. Percussions et fifres / Percussions et binious (bagadou) sont des variables de ces formations musicales.
Des fêtes et des concerts
De retour à la vie civile, ces musiciens bénévoles (essentiellement masculins par conséquent) souhaitaient retrouver les structures qu’ils avaient connues dans l’armée, si bien que de nombreuses formations civiles sont devenues des copies des musiques militaires où l’uniforme, la marche au pas et les airs militaires sont de rigueur derrière le drapeau offert par les autorités locales. Ces formations se nomment batteries-fanfares, harmonies-fanfares… L’une d’elles (années 50 /60) s’intitulait Batterie-fanfare des Anciens militaires d’Angers.
Dès les années 1880, Les fêtes de charité se multiplient dans les villes : fêtes du printemps, fêtes des fleurs, mi-carêmes et carnavals, fêtes historiques… – une aubaine pour que ces orphéons puissent s’illustrer devant le public de la Belle Époque.
Ces harmonies se retrouvent aussi lors d’épreuves et lendits qui mettent en compétition les associations auxquelles appartiennent à la fois sportifs et musiciens. Par exemple – La Jeune France à Cholet.
La construction au milieu des villes, de kiosques à musique, permet à ces orchestres, qu’ils soient civils ou militaires, d’offrir des concerts divertissants et de qualité à un large public.
En concert statique, les musiques civiles et militaires ajoutent souvent des instruments à cordes : piano, guitare, contrebasse…
LE PAS REDOUBLÉ – Cette expression est employée quand il s’agit de marches militaires. Il s’agit d’un pas cadencé, double du rythme ordinaire qui correspond à un pas de charge.
Les majorettes
Le concept des groupes dansants féminins de majorettes ne trouve pas son origine en France mais toutes les villes et villages de France l’ont vite adopté et amplifié dès les années 60.
Si l’uniforme évoque celui d’un petit soldat noble des siècles passés, il est plus que chatoyant par ses couleurs, ses paillettes et ses strass. Un chapeau haut-de-forme ou un bonnet portant un plumet ; les bottines, avec de longs lacets, font partie de la tenue, quelle que soit la saison.
Ces majorettes sont à la fois des gymnastes et des tambours-majors qui font habilement tournoyer dans les airs un bâton léger. Le succès des chorégraphies qui leur sont proposées aboutit à un nouveau sport : le twirling-bâton.
LIEN -> Twirling-Bâton
L’engouement pour les majorettes se traduit à Saumur par plusieurs groupes ayant chacun leur personnalité dans les années 60/80 : les minorettes, les petites Écuyères, les Twirlinettes, le Twirling-Bâton-Club, les Amazones de Saumur, les Majorettes de Saumur et Far-west de Bagneux.
Cholet ne pouvait pas passer à côté des Majorettes choletaises puis des Majorettes du Mouchoir.
En 1974, Doué-la-Fontaine présente des majorettes à cheval. Les majorettes de Fécamp, entourées de faux tambours, ont audacieusement opté pour la gymnastique sur patins à roulettes (années 80).
Pour évoluer, les majorettes ont besoin d’une fanfare ou d’une harmonie. Dans les années 70, à Saint-Etienne, musique entièrement féminine et majorettes ne font qu’une seule entité. Ce sont là les prémices de ce que seront plus tard les marching-bands.
En 1981, Saumur accueille la formation musicale féminine de Warwick (ville jumelée avec Saumur).
Aussi curieux que cela puisse paraître, les femmes tambours-majors sont plutôt rares.
Nouveaux concepts et nouvelles expressions musicales dans les défilés au XXe siècle
DÉAMBULATIONS – Au cours des années 50, alors que presque toutes les formations musicales et fanfares civiles festives défilent en uniformes et au pas, de nouvelles conceptions de formations musicales qui défilent voient le jour.
La marche cadencée est remplacée par une déambulation libre sur le modèle des orchestres de cirque ou des orchestres de jazz dans les rues de la Nouvelle-Orléans (Brass-bands). Le jazz est apparu en France en 1918.
Depuis les années 90, les petites formations musicales (une dizaine de musiciens) se rencontrent fréquemment lors des spectacles de théâtre de rue en plein essor.
UN GRAIN DE FOLIE ! – Dès les années 50, l’une de ces nouveautés, dans le Saumurois, c’est Robert Le Verrier (trompettiste) qui l’inaugure et la concrétise avec son harmonie humoristique de Chacé-Varrains qui prend les couleurs du thème du char qu’elle accompagne. L’un des premiers airs fétiches de l’harmonie de Chacé-Varrains fut Le gros Bill que chantait Lily Fayol en 1946. Tout était à faire, car il n’existait pas jusque là de répertoire transcrivant les hits de la chanson ou du cinéma.
L’Harmonie des Gueules Sèches de Limoges avait auparavant montré le chemin en défilant en ligne au milieu des spectateurs…
Et cette bonne idée d’ajouter des refrains chantés intercalés dans les parties instrumentales, rythmés par les percussions et soutenus par les basses, une idée que reprendront les marching-bands!
À Cholet, au début des années 50, les Pépés en Folie étonnent le public. En 1957, Georges Gambert (tromboniste) leur substitue Les Musiciens en Folie qui remportent un vif succès lors de la mi-carême en 1958. Ces clowns-musiciens interprètent joyeusement des transcriptions d’airs dans le vent. Une réussite toujours d’actualité partout en France et au-delà.
DES BANDAS – Les bandas du sud-ouest (fêtes de Bayonne) finissent par trouver leurs adeptes dans toute la France. Elles se font autant connaître dans les tribunes des terrains de sport (rugby, football) que dans les fêtes populaires. Band / Banda sont aussi des termes génériques (selon les langues) pour désigner fanfares et harmonies.
DES GUGGEN-MUSICS – Les guggens-musics, formations carnavalesques débridées, ont pour origine principalement la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche. Dans ces guggen-musics, les musiciennes et musiciens sont grimés à outrance et arborent des tenues bariolées. Ils portent parfois des masques grotesques adaptés à la pratique d’un instrument. En France, les Savoises’ Ries de Ville-la-Grand sont l’une des guggens-musics parmi les plus connues.
DES BATUCADAS – À la fin des années 80, les écoles de Batucadas introduisent les rythmes, les couleurs enfiévrées et dansantes des carnavals sud-américains. Il s’agit essentiellement d’ensembles de percussions. Batala-Nantes / Flor carioca Nantes / La Bateria (École de Samba depuis 1992).
PERCUTANT – Dans tous les cas, les percussions sont renforcées, par exemple avec les multidrums et des batteries mobiles. S’y ajoutent wood-blocks, percussions exotiques, africaines et brésiliennes. L’utilisation, parfois exclusive, de glockenspiels (carillons) se répand et se traduit par des sonorités de boîte à musique géante. Les carillons sont le plus souvent disposés à plat (claviers) ou sous forme de lyres comme en Allemagne dans les musiques militaires.
Dissolutions et bouleversements
DANS LE CIVIL – En 1949, une chèvre défilait au côté du Réveil saumurois comme la mascotte de certaines musiques militaires – Le 5 avril 1959, avec ses trompettes et son petit chien, un détachement de Spahis de l’École de Cavalerie de Saumur avait ouvert la 42e mi-carême de Cholet.
Si les harmonies-fanfares défilantes avaient atteint leur apogée juste avant et après le Seconde Guerre mondiale, nombreuses jusque dans les années 80 et présentes dans toutes les communes, elles commencent alors à régresser inexorablement.
Beaucoup d’entre elles sont dissoutes ou le seront tôt ou tard. C’est le cas du Réveil choletais puis du Réveil saumurois né au lendemain de la Libération et dissout en 2015. Entre temps beaucoup d’harmonies ont cessé d’exister. C’est par exemple le cas de fanfares et harmonies d’associations scolaires ou sportives dont la musique la Bayard de Saint-Hilaire – Saint-Florent. C’est aussi le cas pour Chris’Land -ex-Montfortaine et Joyeux Échos- À Orée-d’Anjou (Maine-et-Loire) et alentours (septembre 2024).
CHEZ LES MILITAIRES – Au début des années 2000, la fin de la conscription – donc du service militaire – complique le recrutement dans les musiques militaires. À Saumur, c’est aussi la fin de la prestigieuse fanfare de trompettes – Fanfare principale de l’Arme blindée Cavalerie.
Plus généralement, le nombre de musiques militaires ainsi professionnalisées est drastiquement réduit ainsi que les effectifs de chacune d’entre elles, ce qui exclut de conserver la forme traditionnelle française clique / harmonie. La polyvalence devient la règle.
À Angers, la fanfare du 6e Génie (une trentaine d’éléments) a succédé à la précédente musique du Génie qui en comptait jusqu’à plus de 60 dans les années 70/80 – fidèle au Carrousel de Saumur.
À Metz, la musique de la Cavalerie a succédé à la musique militaire du 151e Régiment d’Infanterie qui avait elle-même remplacé la musique du 2e Génie présente après la seconde Guerre mondiale avec au moins quatre-vingts musiciens. Ceux-ci avaient participé également aux activités de l’opéra de Metz, à la première fête de la mirabelle le 17 août 1947 et à la Saint-Nicolas.
Le lien qui unissait musiques militaires et formations harmoniques civiles a tendance à disparaître. Il est à noter que pour des causes diverses, cette diminution du nombre de musiques militaires est constatée dans la plupart des pays.
Festivals de Musiques militaires
Dans le même temps, ces musiques militaires réformées et professionnelles commencent d’inclure dans leurs programmes des chorégraphies parfois savantes, sur le modèle déjà existant des formations équivalentes aux États-Unis et anglo-saxonnes..
Depuis les années 80, il s’agit d’agrémenter les festivals de musiques militaires internationaux destinés à faire connaître les musiques militaires en dehors des cérémonies officielles et loin de leurs frontières.
Ces festivals leur donnent l’occasion d’exprimer et partager toutes leurs qualités et leurs parts de créativité dans un répertoire enrichi, comme dans les orchestres civils, ce qui n’est pas possible dans les simples défilés et concerts statiques.
Parmi ces festivals le plus renommé est le Royal Edinburgh Military Tattoo. Le samedi 21 septembre 2024, sept formations ont participé au Taptoe Airborne à Oosterbeek, commune néerlandaise de Renkum, dans la province de Gueldre. Parmi les musiques présentes, la Fanfarekorps der Genie van het Regiment Genietroepen (VFKG) et le groupe de l’armée britannique Catterick, Yorkshire du Nord.
Mais ces festivals de musiques militaires sont eux-mêmes menacés par les tensions internationales, les coûts, les difficultés d’intendance. Dernier festival à Saumur en 2019. Dernier festival de Porcieu-Amblagnieu en 2023.
Partitions
Quel que que soit le style de formations harmoniques ou fanfares, quelque chose n’a jamais changé depuis leur création et ne change pas. Ce sont les petits cartons sur lesquels sont imprimées, parfois collées recto verso, les partitions propres à chaque pupitre d’instrument. Ces petits cartons, rangés soigneusement dans une gibecière tenue à la ceinture, se glissent dans une petite pince, parfois en forme de lyre, sur chaque instrument.
Et voici les Marching-bands…
Effet boomerang
Est-ce l’effet d’une nostalgie, d’une revanche sur le fait de la raréfaction des musiques militaires ou apparentées ? Ou est-ce la traduction d’une caricature parodique ? Ce qui est avéré, c’est l’émergence et la multiplication des marching-bands avec ou sans groupe dansant depuis les années 2000 sur toute la planète. En Europe comme sur le continent américain et en Asie, alors que les musiques militaires traditionnelles régressent, le nombre de marching-bands civils s’amplifie. Comme si des soldats de plomb s’éveillaient soudain à la vie et s’animaient…
Paradoxe
Ce qui caractérise un marching-band, c’est l’ordre, la discipline stricte dans la disposition des musiciennes et musiciens, les marches au pas (souvent rapides), les placements, les chorégraphies. Le tambour-major conduit rigoureusement l’ensemble, précédant le chef de musique. La position des cuivres est elle aussi particulière : à l’horizontale et même, parfois, pavillons relevés. Les percussions, toujours en nombre, sont le plus souvent positionnées à l’arrière, devant les soubassophones. Les visages, n’affichent aucun sourire ni aucune complicité avec le public par quelque salut que ce soit.
Il en émane une impression de corps fermé, compact et rigide au milieu des tourbillons propres à une fête. Des gardes du corps sont parfois requis pour éviter tout risque de bousculade. Cette attitude est à la fois envoutante mais aussi paradoxale compte tenu des mœurs admis au XXIe siècle où la discipline n’est pas l’exigence première, antimilitarisme ou pas.
Aux U.S.A.
Aux États-Unis, les marching-show-bands prennent leur essor principalement dans les universités américaines – NacNamara’s Band, Philadelphie / Notre Dame Band of The Fighting Iris Pregame… Chaque université porte fièrement les couleurs de son drapeau. Des concours dans les stades réunissent des dizaines de formations géantes.
L’extravagance est la règle: confusion avec de vrais uniformes militaires et policiers, (mais aussi d’antiques uniformes romains), déplacements au cordeau, chorégraphies millimétrées, majorettes au masculin, tambour-majors excentriques… Surtout, nombre impressionnant de musiciens dont les soubassophones, les percussions (cymbales par exemple) qui s’alignent par dizaines. Les interprétations musicales sont presque secondaires mais toujours surprenantes. Par exemple, il est particulièrement difficile d’identifier Le Régiment de Sambre et Meuse.
Au Japon
Comme ailleurs en Asie, la culture occidentale s’est imprimée sur la culture japonaise jusque dans les uniformes. Une constante avec les États-Unis: l’extravagance avec parfois un petit rien d’humour et de dérision. Fréquemment, des ensembles de jeunes femmes, avec de surcroît, la prouesse de jouer des instruments tout en sautillant sur des airs de negro-spirituals, de musiques de films ou rocks… Tachibana SHS Band (Kyoto,Japan) / Izumo Dome Kamii Brass Band / Nakatsu Kita Brassband…
Aux Philippines
Même sous une chaleur écrasante qui invite plutôt au farniente, les marching-bands défilent d’un bon pas à Las Piñas, quitte à devoir parfois arroser les jambes des majorettes ou brandir des ombrelles en guise de drapeaux pour assurer le spectacle jusqu’au bout ! D’autant que si les majorettes sont moins d’actualité dans nos pays européens vieillissants, à Tagum-City, elles offrent en nombre des chorégraphies compliquées parfois effrénées. Chaque formation de majorettes et de marching-band a son école, institution comparable à celle des écoles de samba en Amérique du Sud.
À Silang-Town, les spectateurs en voient de toutes les couleurs. Les drapeaux volent au vent en grand nombre. Décoratifs pour la plupart, ils n’ont pas de signification précise et, là comme ailleurs, ne bénéficient pas de la virtuosité des lanceurs de drapeaux belges et italiens.
À Naga-City, majorettes, marching-bands, faux et vrais militaires se côtoient et participent aux mêmes défilés à la fois religieux et laïcs…
L’ordre des musiciens est souvent comparable : trombones, clarinettes, flûtes, saxophones, percussions, autres cuivres, soubassophones.
En Amérique centrale
En Amérique centrale, traditions et marching-bands ont trouvé leur équilibre. Les festivals au San Salvador en sont la démonstration (Département de Sonsonate). Les majorettes sont toujours de la partie avec ou sans bâtons, parfois des éventails, des cerceaux, des drapeaux, mais toujours des chorégraphies originales et appliquées. À La Foire gastronomique officielle qui se tenait en juillet 2024 à Juayúa, le public applaudit la formation musicale et le groupe dansant du Collège primaire Salarrué, établissement expérimental pour l’instruction et l’éducation. Là aussi, le nombre de musiciens dans chaque marching-band est souvent très important.
En Europe
En Europe, les marching-bands sont un peu plus sages tout en respectant les règles strictes, pourtant définies de manière empirique et formelle dans cette catégorie de formations musicales. Les créateurs de costumes et uniformes rivalisent d’imagination. Pas si simple d’inventer des tenues toujours plus originales sans se copier ni commettre de fautes de goût.
Aux Pays Bas, les Hollandais présentent des Showcorpsen de qualité sans pour autant forcer sur le nombre de participants. Le Marchingband Haaglanden / Rinjmond sont parmi leurs représentants.
En Allemagne, l’harmonie des sapeurs-pompiers de Verden (ville jumelée avec Saumur) se convertit au show-band pour devenir le FMC Showband Verden – Musikabteilung der Freiwilligen Feuerwehr. Il participa, entre autres, au festival des Géants de Saumur en 2016.
En Belgique, à Chièvres, région wallonne dans la province de Hainaut, la Royale Fanfare Communale de Huissignies a choisi une voie médiane, entre le marching-band avec ses majorettes – aux chorégraphies d’une grande précision – et l’harmonie traditionnelle.
En Pologne l’orchestre féminin : Orchestra grandioso a adapté la formule à ses pratiques habituelles.
Majorettes et orchestre de Krasocine à Daleszyce :
En France, le marching-band Galaxy est né à Orléans. Le marching-show-band RSF de Saint-Fulgent, formation musicale à l’uniforme blanc et noir, danseuses en noir et rouge / le marching-show-band la Vaillante de Saint-Quentin (sur des airs jazzy) – rouge et bleu – participent à de nombreuses festivités dont le carnaval de Cholet.
Et bien sûr Saumur possède son marching show band : l’Élan saumurois est devenu L’Élan Saumurois Marching Band – ESMB – rouge, blanc noir. Et malgré la fin de la Grande Parade, ce marching-band continue de briller et de porter loin les valeurs du Saumurois.
LIENS ->
Rien de comparable avec les harmonies qui accompagnent les « Entrées des Maures et des Chrétiens » dans de nombreuses villes d’Espagne. Car si les instruments sont semblables, le spectacle est très différent.
Quel avenir pour les marching-bands ?
Selon la formule actuelle, les marching bands, c’est stylé. De surcroît, leurs allures militaires sont tout à fait pacifiques.
Aujourd’hui, si les parcs d’attractions, les comités des fêtes raffolent des marching-bands, il n’est pas inscrit que le style et l’effet marching-band perdureront. Les goûts esthétiques évoluent rapidement.
Il conviendra de revoir le répertoire de ces marching-bands. Il est dommage d’entendre trop souvent les mêmes airs réinterprétés d’un bout à l’autre de la planète. Par exemple, la marche du Jour le plus long de Paul Anka à toutes les sauces.
Seule certitude, la musique de rue et festive, quelle qu’en soit le style, continuera d’être sollicitée et de réjouir tous les publics par la variété de ses représentations. Il serait regrettable de la remplacer systématiquement par des enceintes diffusant de la musique enregistrée.
Dans le cadre d’une pratique de la musique populaire et festive, afin de pérenniser une formation musicale de qualité, qu’il s’agisse d’un orchestre d’harmonie classique, d’un orchestre brésilien, d’un marching-band, une pédagogie attractive de transmission des savoirs est primordiale dans la préparation des jeunes musiciens quand le solfège paraît toujours un obstacle ardu à franchir.
À Nantes, Macaíba est un projet culturel, social et éducatif, qui propose un accès à la musique par une pédagogie qui allie rigueur et plaisir.
Et à Saumur, pourquoi pas un festival de marching bands ?
Laisser un commentaire