Bienfaisance et Générosité

Grande Fêtes de Bienfaisance

Depuis leurs origines, les grandes fêtes populaires françaises, telles que carnavals, défilés et corsos fleuris, fêtes historiques ont toujours partagé un point commun, elles étaient et sont souvent restées caritatives, sous le titre Grandes fêtes de bienfaisance, revêtant un caractère laïc la plupart du temps. Ces actions individuelles et collectives d’altruisme participent à la Philanthropie (Bailleul possède une Société de Philanthropie responsable des fêtes locales.). 

À l’occasion de ces festivités, il fut un temps où des quêteurs montaient jusque dans les étages des immeubles. La recette récoltée auprès des spectatrices, spectateurs et autres habitants était destiné à venir en aide aux personnes nécessiteuses quel que soit leur âge. Autrefois les aides sociales et les pensions de retraite étaient rares et maigres.

Bienfaisance à Saumur, Cholet, Granville…

Le 7 mars 1859, l’École de Cavalerie est à la fois organisatrice et partie prenante d’une grande fête où le cheval prédomine. Avec ses cavalcades, ses évolutions à cheval, ses clowns, cette fête ressemble à un grand spectacle de cirque. Au-delà du fait de divertir le public et de montrer la virtuosité des participants, cette journée est annoncée en tant que « fête de charité ».

Au temps des défilés fleuris, la bienfaisance à Saumur, ce fut le char des Pauvres puis de la Générosité (grand mot pour un modeste véhicule). Objectif : financer une journée pour les Anciens. À Cholet, c’était la vocation du char de la Charité qui subsista jusque dans les années 70. 

À Granville, le Char des Pauvres, dont le concept date de 1875, a toujours la faveur généreuse du public. Lors du carnaval du 23 au 25 février 2020, le char des pauvres, accompagné de 75 marins à pompons jaunes a pris l’allure d’un sous-marin nommé « Vingt mille gueux sous la maire ». Autant dire qu’à Saumur, personne n’aurait osé proposer un tel titre. En 2019, le Char des Pauvres de Granville a rapporté la somme de 6 800 € !

À Cholet, la bienfaisance est toujours d’actualité. Depuis 2019, un mois avant le carnaval, les carnavalières et carnavaliers de Cholet organisent la Nuit de la Soudure. Au cours de cette nuit-là, pendant plus de dix heures, les soudeurs façonnent et sculptent des œuvres à partir de matériaux métalliques de récupération sur un thème donné. 

La vente aux enchères d’une douzaine de ces créations permet d’offrir une aide à une association reconnue d’utilité publique dans le domaine de l’éducation ou de la santé. C’est aussi une autre démonstration culturelle d’origine associative liée à une fête populaire.

La générosité saumuroise

Ce modeste char du comité des fêtes fut rarement photographié dans ses différentes présentations tout au long de l’histoire des fêtes saumuroises. Le « char de la générosité » prit part à tous les défilés jusqu’en 2012. Lui s’est arrêté mais pas la pauvreté.

En 1954, sur une photographie, le char de la générosité apparaît à l’arrière du char de la reine de Saumur, avant le char de Saint-Macaire-en-Mauges.

Plus tard, il s’avéra plus judicieux de le placer à la mi-temps du défilé. En 1957, le char de la générosité est au numéro 38 sur 61, entre le char Le plus grand chapiteau du Monde et le char Michel Strogoff.

Au passage du char, les pièces de monnaie cliquetaient en tombant des balcons sur les trottoirs ou la chaussée. Ces pièces – parfois des billets – étaient ramassés  ou recueillis par des quêteurs dans des corbeilles. Au bout de longs manches de bambou, des filets permettaient d’atteindre les nombreux balcons et les fenêtres jusqu’au 2ème étage. Les pièces de monnaie et billets récoltés étaient versés à l’arrière de ce char aux couleurs du comité des fêtes. Des spectateurs préféraient y lancer directement leur obole. De jeunes ramasseurs suivaient pour récupérer les pièces égarées ou dont les tirs étaient mal ajustés. Aucune malversation n’était constatée.

Est-il nécessaire de préciser que les bénévoles devaient ensuite passer du temps à faire les comptes en totalisant des piles (et faces) de centimes ?

L’aventure a connu de nouvelles pièces de monnaie en 1946, le nouveau Franc en 1960 et le passage à l’Euro en 2002.

Ambiguïté

Une grande partie du public avait la conviction que cet argent recueilli tout le long du défilé fleuri participait au financement de la fête saumuroise. Spectateurs et spectatrices étaient d’autant plus enclins à donner quelques pièces que cette fête était gratuite pour tout le monde, fait rare à cette époque-là.

La petite pancarte affichée sur le char de la générosité « Soyez généreux », le libellé du programme, le discours de la voiture-sono qui le précédait, pouvaient entretenir la confusion : « Aidez par vos oboles le Comité des fêtes, merci ! ».

Honneur aux Aînés

Au milieu de l’automne suivant, la somme totale de ces « oboles » finançait en grande partie un jour de fête pour les personnes âgées du Saumurois avec repas et animations. 

Le groupe folklorique « La Perle de l’Anjou » participait à cette fête offerte aux « Vieux » ainsi qu’il était indiqué dans les documents de l’époque. Au fil du temps : Vieux, Anciens, Aînés, Séniors, Troisième Âge

Cas particuliers

En 1968, comme en 1961, point de défilé, donc point de char… mais aussi, point de pont ! Il fallut puiser dans les fonds en réserve. L’aide renforcée de la municipalité comblait la différence.

« Cependant, l’invitation fut lancée, comme chaque année. Le comité ne voulut pas priver les anciens de leur traditionnelle sortie. Leur déception aurait été trop grande. Comme à l’accoutumée, le banquet des anciens eut lieu le 24 novembre (1968), regroupant une centaine de convives. Durant tout le repas, il régna une très joyeuse ambiance, souvent touchante, non seulement en dégustant un excellent repas, mais en égrenant des souvenirs et chansons d’autrefois. L’après-midi se termina par une production du groupe « La Perle l’Anjou ».*

*Délibérations et projets AG du 15 janvier 1969 – Page 18 – 19 RV.

En effet, cette plaisante journée eut lieu peu de temps après la fermeture du pont Cessart à la circulation, suite à l’affaissement de l’une de ses piles (21 novembre 1968), ce qui compliqua le transport des invités.

Le relais

Le temps passant, ce qui n’était qu’un appoint des services sociaux de la ville prit de plus en plus d’importance jusqu’à se substituer complètement à la généreuse intention du Comité des Fêtes. Et la petite monnaie recueillie, moindre qu’auparavant, participa aux activités du comité.


Reconstitutions en modèles réduits

Comme la dépanneuse, voici proposées deux restitutions miniatures de ce char de la générosité. La première d’après une photographie de 1954, la seconde d’après une photographie de 1979.

Détail technique : C’est en 1957 que les fléchettes de changement de direction furent définitivement remplacées par des clignotants sur tous les modèles d’automobiles.


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