Les photos du 103e Carrousel de Saumur
Parmi les pépites du Comité des fêtes de Saumur sommeillait une pellicule contenue dans une boîte en carton cylindrique: un long film d’environ 140 photos 24 x 36. Pour une fois, il ne s’agissait pas d’un défilé fleuri, mais du Carrousel de 1952.
Le Comité des fêtes de Saumur participait activement à la réalisation du Carrousel. Il avait la responsabilité, entre autres, de la location des places pour le public dans les différentes catégories selon les tribunes et les jours de la représentation : jeudi, samedi, dimanche et lundi, jour de gala. C’est pourquoi ces photos se retrouvent dans la collection des archives du Comité des fêtes.
Comme pour les défilés fleuris, les photographes saumurois avaient l’habitude d’afficher leurs photos exclusives du Carrousel sur des panneaux posés sur le trottoir devant leurs magasins dans le but de les vendre. Mais qui pourrait aujourd’hui donner le nom de l’auteur des photos du Comité des fêtes ? Ce qui est certain, c’est que le photographe était positionné devant la tribune officielle.
Ces photos, patiemment restituées à partir des négatifs, sont pour la plupart inédites, donc visibles pour la première fois depuis très longtemps. Aucun tirage de cette pellicule n’a été retrouvé.
La date exacte de ce reportage photographique du 103e Carrousel n’est pas précisée, mais il peut s’agir du 26 ou du 27 juillet 1952. Toute information plus précise sera la bienvenue.
Les tribunes
Dans la carrière du Chardonnet, la disposition des tribunes est longtemps restée identique. Elles étaient montées progressivement dès la mi-juin par les appelés du contingent. Dans le même temps, d’autres soldats avaient pour tâche de repeindre en blanc les interminables clôtures en béton tout autour de la carrière.
La tribune centrale – côté Loire – où se serraient la fanfare de trompettes, la musique du 6e Génie et les commentateurs faisait face à la tribune officielle – côté avenue Maréchal Foch. En 1952, les tribunes latérales n’étaient pas encore couvertes.
Les deux parties du Carrousel
En 1952, le Carrousel avait acquis sa forme classique telle que spectatrices et spectateurs l’ont connue jusqu’aux années 1990. Il avait rapidement évolué depuis l’édition de 1949. La première partie de cette fête de la cavalerie présentait les sous-officiers à cheval dans la grande tradition française depuis le XVIIe siècle.
Le public attendait le moment le plus émouvant et brillant, celui de l’entrée et de la prestation majestueuses du Cadre Noir reconstitué depuis 1947. Le lieutenant-colonel Georges Margot était le prestigieux Écuyer en chef de ce Cadre Noir, le grand dieu. Il était aussi le maître de cérémonie de la première partie du Carrousel.
La seconde partie du Carrousel, dans le vrombissement lourd des moteurs, honorait l’Arme Blindée Cavalerie avec motos, jeeps et blindés. L’engin star, tout neuf, aux roues cerclées de blanc, en était l’EBR Panhard.
Visiblement, le photographe a préféré la cavalerie légère des motos et la gymnastique audacieuse des sous-officiers sur leurs montures à deux roues au roulement appesanti des blindés.
Le Cadre Noir proche de la population saumuroise
En ce temps-là et toute l’année, les écuyers du Cadre Noir, au statut militaire, étaient familiers des Saumuroises et Saumurois qui les croisaient à cheval auprès du Manège ou des Écuries près du Chardonnet, dans les quartiers Beaurepaire, Saint-Nicolas, Saint-Pierre, de la Poste jusque sur les pavés (véritables ceux-là) de la rue d’Alsace . C’était avant les années 70 et le changement de statut du Cadre Noir*.
Les Spahis
Acteurs et témoins de la colonisation française, les Spahis étaient alignés sur deux rangs traversant l’avenue Foch, du Logis des Carabiniers jusqu’à la tribune officielle. Au milieu de ces deux rangées de soldats passaient (presque sans les voir) les personnalités militaires et civiles. Les Spahis rendaient aussi les honneurs à l’Étendard de l’École de Cavalerie. Plusieurs photos ont été prises devant un char Patton.
Pour la France
Dans l’ombre de ce Carrousel, les appelés du contingent n’apparaissent pas sur ces photos. Ils étaient cependant indispensables à son bon déroulement. Ce sont eux qui disposaient les ballons, les têtes… alignaient les haies, posaient au sol les grilles pour le passage des blindés, les cercles enflammés…
Les joutes et les acrobaties pacifiques, facétieuses et divertissantes de ce Carrousel – des précédents et suivants – ne font pas oublier que de nombreux soldats, professionnels et appelés, ont été blessés ou ont donné leur vie pour la France, en Indochine puis en Algérie.
Quel que soit l’avenir que connaîtra le Carrousel à Saumur dans le deuxième quart du 21e siècle, entrer sur la carrière du Chardonnet face aux logis des Carabiniers de Monsieur et face à l’Étendard est un privilège prestigieux pour officiers et élèves des Écoles militaires Saumur. Ils foulent ainsi le sable fin que des générations de soldats ont humblement parcouru avant eux.
- Nous entrerons dans la carrière Quand nos aînés n’y seront plus… (La Marseillaise – 1792 – Rouget de Lisle)
Lendemains de Carrousel
Une habitude persista longtemps à Saumur. Après le Carrousel, au long des rues, des volets se fermaient. Une partie des habitants quittait la ville pour les congés payés. Après l’effervescence de la fin du mois de juin et celle du mois de juillet qui voyait de nombreux cars et voitures parcourir la ville, la paix ligérienne s’imposait pour les deux premières semaines du mois d’août.
À Saumur en 1952
- En 1952, l’École de Cavalerie de Saumur était commandée par le général Noiret (1950 1952) auquel allait succéder le général Pernot du Breuil (1952 1955).
- Le lieutenant-colonel Georges Margot était l’Écuyer en chef du Cadre Noir, le grand dieu, le maître de cérémonie de la première partie équestre du Carrousel. / Lieutenant-colonel Georges Margot (1902 1998) – Écuyer en chef de 1945 à 1958.
- Maire de Saumur de 1945 à 1953 : Emmanuel Clairefond.
- Sous-Préfet de Saumur de 1950 à 1954 : Jacques Victor Louis Bernard.
- En 1946, le service militaire fut établi pour une durée d’un an. Quatre ans plus tard, en 1950, sa durée fut portée à 18 mois et maintenue jusqu’à 30 mois durant la guerre d’Algérie.
Bien que de statut civil au sein de l’IFCE, des militaires sont toujours présents parmi les écuyers du Cadre Noir. En 2024, le colonel Thibault Vallette en est l’Écuyer en chef. Le Cadre Noir eut le privilège de participer au défilé du 14 juillet 2024 à Paris, boulevard Foch.
Les Spahis
Les personnalités
Honneurs à l’Étendard
Carrousel équestre – Les Lances
Le Cadre Noir
Jeux équestres
Carrousel motorisé – Les motos
Carrousel motorisé – Les blindés et Honneurs à l’Étendard
LIENS ->
Quelques airs musicaux qui accompagnaient traditionnellement le Carrousel – Cf Le Carrousel 1949.
1966 – Le 117e Carrousel de l’École de Cavalerie de Saumur – document INA –
1974 – Quelques photos du Carrousel
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